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"Capability" Brown

le plus illustre des jardiniers anglais 

  Nous fêtons en 2016 le tricentenaire de la naissance du paysagiste Lancelot "Capability" Brown (1716-1783), c'est pourquoi cette année a été déclarée Year of the English Garden en Grande-Bretagne.

  Né en 1716 à Kirkharle, Northumberland, Lancelot Brown est le créateur du jardin à l'anglaise tel que nous le connaissons aujourd'hui. Quasiment inconnu hors d'Angleterre, ce paysagiste hors normes a dessiné et aménagé plus de 250 jardins au XVIIIe siècle. Considéré par certains comme le « Shakespeare des jardins anglais », il doit son surnom de « Capability » à une constatation qu'il faisait fréquemment chez ses clients : « Ce domaine possède un grand potentiel (great capabilities). Mais étant lui-même « capable », il pouvait aussi savourer les deux sens du mot.

  Pour Brown, le jardin devait être avant tout un paysage et une peinture. Supprimant les derniers buis et ifs taillés du grand jardin formel né dans l’Italie de la Renaissance et perfectionné « à la française », il a donné leur style « naturaliste » à de nombreux parcs, remplaçant les symétries par une succession soigneusement ordonnée de points de vue.

  Guidé par sa vision globale du paysage, Brown fixa le plan de ce nouveau type de jardin autour de trois éléments principaux : une ceinture d’allées au tracé sinueux (belt), qui permet de multiplier les points de vue ; des bouquets d’arbres (clumps) composés comme une scène de théâtre et enfin d'immenses perspectives légèrement vallonnées donnant l'impression d'un paysage entièrement façonné par « Dame Nature ».

  Dans les jardins paysagers, les imperfections de la nature sont exploitées plutôt que corrigées. Pour Brown et ses contemporains, le rôle du paysagiste consistait à parfaire l’œuvre de la nature. Il recrée un décor naturel, tel une peinture vivante.

  La technique du saut-de-loup ou « ha-ha », empruntée aux jardins français du siècle précédent, fut un des moyens de cette métamorphose. Fossé sec ourlé d’un muret abrupt, il permet de protéger le parc des animaux de tout poil, sans clôture ni haie apparentes. Séparant le parc de la nature environnante, le ha-ha ouvre les perspectives, étire le jardin à perte de vue. Orienté vers la campagne, le jardin est conçu comme son prolongement.   C'est dans le domaine de Stowe, dans le Buckinghamshire, qu’il a fait ses premières armes. Remuant ciel et terre pour donner corps à sa vision, il fait pousser des collines là où il n’y avait que plates prairies, dévie le cours d’une rivière pour lui donner le galbe attendu, noie de vastes espaces pour créer un lac. Brown y fait élever des temples à la Vertu, à l’Honneur, aux Gloires britanniques. Et à Blenheim, son génie hydraulique lui fera détourner des rivières pour aménager de gigantesques plans d'eau.
  Malgré son « œil et un sens de l'espace hors du commun », Capability Brown est rapidement passé de mode après son décès en 1783 et ne sera que très peu cité tout au long du XIXe siècle.

  Par essence éphémères, les jardins croissent, se transforment, meurent aussi parfois, au gré des goûts et des fortunes de leurs propriétaires. Plus de deux siècles ont passé depuis la mort de Brown, mais les qualités durables de son travail permettent d'admirer encore de nos jours plus de 150 paysages qu'il a contribué à créer. N'hésitez pas à profiter des week-ends d'automne pour découvrir ceux de Stowe, Blenheim ou Chatsworth. 

 

  Isabelle Erulin 

  www.les-pouces-verts.com

 

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